Vous avez un site web pour votre commerce, votre cabinet ou vos événements. Dans la rubrique “contact”, vous avez mis votre adresse postale. Et puis vous vous êtes arrêté là : les gens ont ce qu’il faut pour vous trouver. Non mais, vous vous croyez en 2000 ?
Le problème
Depuis déjà 2015 ou 2016, la majorité du trafic internet est réalisé depuis des “téléphones”. En 2024, un visiteur de votre site web pris au hasard a de 65 à 80 % de chances d’être sur un appareil mobile, suivant votre secteur d’activité. Ce même appareil mobile qu’il utilisera comme GPS dans sa voiture ou sur son vélo pour trouver l’itinéraire le plus court de chez lui à chez vous.
Pour passer de votre site web à son application de guidage GPS, votre visiteur devra donc resaisir votre adresse postale, depuis votre site web, dans son application GPS. Vous me direz qu’il est possible d’aller plus vite en faisant un copier-coller depuis le navigateur mobile vers l’application GPS. Laissez moi vous parler de la majorité de gens qui ne savent toujours pas que c’est possible…
Dans tous les cas, copier-coller ou saisie manuelle, la procédure est plus fastidieuse qu’elle ne devrait : il est possible d’implémenter le mappage de votre site web à une application GPS en un seul clic, via les coordonnées GPS. C’est heureux, car on a mieux à faire, après avoir démarré sa voiture ou récupéré son Vélib, que de choisir dans quelle ville on veut le 38 de la rue du Général de Gaulle ou de celle de la Libération.
La (bonne) solution
Internet repose sur le lien hypertexte. En HTML, ça s’écrit :
Ceci vous produit un lien cliquable, depuis un navigateur internet, qui vous emmène à la page référencée dans la balise href
. Mais ce n’est pas limité à une page HTML : il est possible de lier de nombreux protocoles. Par exemple, pour envoyer directement un email, vous pouvez utiliser un lien mailto
:
Il est même possible de pré-remplir les champs de l’email avec un sujet et un corps de message :
On note les paramètres d’URL ?subject=
et &body=
qui rendent la chose un poil plus technique. Sauf que les 15 minutes que vous allez perdre, une fois pour toutes, à faire fonctionner le bazar vont faire économiser de précieuses minutes à tous vos clients potentiels, et peut-être même vous faire regagner du temps en traitement de vos emails reçus s’ils suivent une structure uniforme, suggérée par défaut, réutilisée par des filtres automatiques.
En cliquant sur un lien de ce type, le navigateur va automatiquement ouvrir le client email défini par défaut au niveau du système d’exploitation, et pré-remplir les champs “sujet” et “contenu” automatiquement.
De la même manière, on peut faire des liens geo
contenant des coordonnées GPS (longitude et latitude) :
Tout comme le navigateur ouvrait le client email par défaut sur un lien mailto
, il va ouvrir l’application de cartographie/GPS par défaut en cliquant sur ce lien, et probablement ajouter un marqueur à l’emplacement défini par les coordonnées. J’écris « probablement » car Google Maps ne le fait pas, pour ça il faut lui ajouter un paramètre d’URL ?q
avec l’adresse :
Notez la présence de +
au lieu des espaces : c’est ainsi qu’on encode les espaces dans les URL. À partir de là, tout système d’exploitation de bureau ou mobile devrait pouvoir ouvrir la position GPS dans l’application de cartographie par défaut, et vous permettre de calculer un itinéraire depuis là où vous vous trouvez avec seulement un clic additionnel. Facile et sans erreur.
Comment trouver ces coordonnées GPS (longitude et latitude) pour votre lieu ?
- Dans Google Maps, en faisant une recherche de lieu, regardez l’URL du résultat :
https://www.google.fr/maps/place/Panth%C3%A9on/@48.8462218,2.3438389
. Les coordonnées sont après le symbole@
. - Dans OpenStreetMaps, en faisant une recherche de lieu, regardez là encore l’URL du résultat :
https://www.openstreetmap.org/search?query=panth%C3%A9on%20paris#map=19/48.846189/2.346079
. Les coordonnées sont les deux derniers nombres, séparés par/
. - Dans tout autre service, si vous voyez dans une URL deux nombres, le premier entre 48.4 et 49.0, le second entre 1.5 et 3.0, il s’agit probablement de la longitude et de la latitude (pour les lieux en France métropolitaine).
Vous pouvez tester le résultat vous-même : Aller place du Panthéon.
La mauvaise solution
La mauvaise solution serait de donner directement un lien de recherche Google Maps, sous la forme :
Sur un système d’exploitation mobile, le navigateur est capable d’ouvrir ce lien HTTP directement dans l’application Google Maps. Sinon, le lien vous envoie sur le site web de Google Maps. En apparence, c’est bien : on est sûr d’avoir un marqueur sur un carte, même si aucune application de cartographie n’est installée sur le système.
Sauf que cette solution force l’utilisation des services Google, dont le modèle d’affaires repose sur l’espionnage généralisé et la vente de données privées (ou leur monétisation via les pubs ciblées de Google Adsense). Du reste, même si vous aimez Google, l’application Waze est bien meilleure que Google Maps pour le routage, et c’est avec elle que vous pourriez vouloir ouvrir l’emplacement pour tracer l’itinéraire.
En tout état de cause, la solution précédente, reposant sur un lien geo:
laisse à l’utilisateur (et/ou au système d’exploitation) le choix de l’application utilisée, avec ou sans GAFAM dedans.
Conclusion
La solution proposée ici est:
- portable : elle fonctionne sur Mac, Linux, Windows, iOS et Android, sur téléphone mobile, tablette et ordinateur de bureau,
- facile à implémenter : pas de librairie Javascript à installer, pas de code à écrire, c’est un lien HTML tout à fait classique qui peut s’insérer dans une page HTML en dur ou via un CMS (WordPress, Spip, Joomla, etc.),
- universelle : les liens hypertextes ne sont pas limités aux pages web, mais peuvent aussi s’utiliser dans des documents PDF, Microsoft Word ou Excel, et dans des boutons d’interfaces graphiques de logiciels,
- respectueuse des choix d’utilisateur en matière de confidentialité et d’ergonomie : elle utilise l’application de cartographie préférée, telle que définie au niveau du système d’exploitation.
Le ratio entre la simplicité d’implémentation vs. l’amélioration de l’expérience utilisateur pose d’ailleurs une question : pourquoi cet usage est-il si peu répandu ? À une époque où il faudrait mettre de l’intelligence artificielle et de l’Internet des objets (IoT) partout, depuis qu’on-ne-sait-pas-qui1 a décidé qu’ils étaient “l’avenir” (et non le progrès), il est remarquable que ce genre de basse technologie, ne demandant ni architecture logicielle complexe, ni transfert de données sur le réseau, ni puissance de calcul, — en somme aucune énergie —, soit simplement ignoré et reste inconnu des masses.
En revanche, cette solution suppose d’avoir une application de cartographie installée à l’avance. Elle ne dispense donc pas d’inscrire l’adresse postale, au format texte traditionnel, ainsi que d’afficher localement une carte avec un marqueur, par exemple sur le site web.
Comprendre : un consortium de capitalistes en mal de marché. ↩︎