Ubuntu 16.04 LTS est sorti depuis 1 mois et demi et s’il reste un OS relativement léger et performant, il peut aisément être dégraissé pour améliorer sa réactivité. Le problème général est que Canonical, son éditeur, la joue façon Apple et mise sur un OS sexy dont les effets graphiques (transitions, transparences et ombrages des fenêtres, etc.) léchés impactent négativement les performances générales du système. Étant utilisateur avancé, le bureau ne me sert qu’à accéder à mes applications, et c’est dans celles-ci que je souhaite investir ma puissance de calcul (notamment quand je retouche des images) quitte à me passer de détails graphiques.

#Choisir un environnement de bureau

Vous le savez probablement, Ubuntu est fourni avec différents environnements de bureau : Mate, Cinnamon, KDE, Gnome, XFCE, Unity et quelques autres. Ces environnements définissent non seulement les bibliothèques de rendu graphique utilisées (Gtk ou Qt notamment), mais ont également chacune leur propre approche du bureau moderne et offrent donc une ergonomie propre. Vous avez le choix.

Cependant, sur le plan de la rapidité et des performances, tous ne se valent pas. Le banc d’essai Phoronix  révèle que la variante Ubuntu 16.04 par défaut (embarquant le bureau Unity) est systématiquement de 0,2 % à 2% plus rapide que les concurrents pour l’exécution d’OpenGL et il semble que les temps d’allumage et d’extinction soient également inférieurs.  N’en déplaise à ses détracteurs.

#Nettoyer les résidus de configuration des versions précédentes

Souffrant de bugs graphiques dès l’installation de Ubuntu 16.04, j’ai dû me pencher sur mes résidus de configurations antérieures… pour découvrir que j’avais encore des fichiers Gnome 2 datant de Ubuntu 9.10. La raison est que j’ai toujours réimporté tel quel mon répertoire /home/ d’une installation à l’autre et qu’aucun composant Ubuntu n’y fait le ménage. Options dépréciées et bugs inexpliqués sont alors au programme. Ayant testé Gnome 3.16 pour me rendre compte que c’était aussi buggé, j’ai dû en plus supprimer les réglages de Gnome qui impactent Unity.

#Dégager Gnome

On désinstalle :

1sudo apt-get purge --auto-remove ubuntu-gnome-desktop
2sudo apt-get remove gnome-shell
3sudo apt-get autoremove
4sudo apt-get remove gdm

Ensuite on nettoie :

1# Restore Nautilus sur le bureau
2gsettings set org.gnome.settings-daemon.plugins.background active true
3
4# Supprime **DÉFINITIVEMENT** les fichiers de config de Gnome 2 & 3
5# Faire une sauvegarde préalable peut être pertinent
6rm -rf .gnome .gnome2 .gconf .gconfd .metacity .cache .dbus .dmrc .mission-control .thumbnails ~/.config/dconf/ ~.compiz*

#Nettoyer Unity

Inutile de préciser que toutes vos préférences sont supprimées.

1sudo apt-get install dconf-tools unity-tweak-tool
2dconf reset -f /org/compiz/
3unity-tweak-tool --reset-unity
4setsid unity

#Configurer Unity

Ici l’idée est de dégager tous les effets graphiques via Compiz Config Settings Manager et Unity Tweak Tool. La raison est que les effets graphiques consomment des ressources (processeur et surtout carte graphique) qui ralentissent (plus ou moins suivant votre configuration matérielle) inutilement le système et amoindrissent la durée de vie de la batterie, sur PC portable.

1sudo apt-get install compizconfig-settings-manager unity-tweak-tool

#Compiz Config Settings Manager

Désactivez tous les modules de la catégorie « Effets », « Extra », et tous les modules de la catégorie « Utilitaire » à l’exception de Compiz Librairy Toolbox.

#Unity Tweak

Dans la catégorie « Unity » :

  • onglet « Lanceur » :
    • Section « Apparence » : la transparence oblige le processeur graphique à récupérer la fenêtre sous-jacente et à y appliquer un filtre. Un lanceur opaque économise des ressources. On peut aussi discuter la lisibilité d’un fond transparent.
      • Mettez le niveau de transparence à 0 (curseur à gauche)
      • Choisissez une couleur personnalisée (pas l’option « Basé sur le fond d’écran »)
  • onglet « Rechercher » :
    • Section « Général » : idem au lanceur, le flou du panneau de recherche est un filtre appliqué sur le contenu sous-jacent.
      • Désactiver le flou d’arrière plan
  • onglet «Web Apps » :
    • Section « Général » : les services web permettent une recherche simultanée en local (sur votre poste) et en distant (sur les sites approuvés). En général, lorsque vous avez besoin d’infos sur le web, vous passez par Google dans un navigateur.
      • Désactiver les invites d’intégration.

Dans la catégorie « Fenêtres » :

  • onglet « Général » :
    • Section « Zoom » :
      • Désactivez l’agrandissement du bureau (inutile si les raccourcis ne sont pas configurés),
    • Section « Accélération matérielle » :
      • Réglez la qualité des textures sur « Rapide »

À ce stade, je n’ai plus aucune latence dans l’interface et la consommation mémoire de Compiz a chuté d’environ 250 Mo à 98 Mo.

#Dégraisser Unity

Unity vient avec des « lentilles » (lenses) qui ajoutent des panneaux dans le dash : Applications, Fichiers, Musique et Photos. Dans mon cas, je gère ma galerie de photos via Darktable et j’écoute de la musique en ligne sur Qobuz, je n’ai donc pas de musique ni de photos en local sur mon disque dur et ces lentilles ne me servent à rien. On va donc les désinstaller :

1sudo apt-get autoremove unity-lens-music unity-lens-photos unity-lens-shopping unity-lens-video

Vous pouvez aussi chercher dans le gestionnaire de paquets quelles sont les lentilles installées.

#Choisir les bons pilotes

À vérifier suivant les bancs d’essai et les cartes graphiques, mais les pilotes officiels (et propriétaires) Nvidia sont 1,2 à 2,5 fois plus rapides  que le pilote Nouveau de Linux.

De même pour les contrôleurs de vitesse processeur, PState d’Intel est toujours 1 à 1,3 fois plus rapide  que CPUFreq de Linux sous Linux 4.4 (le noyau de Ubuntu 16.04). PState est installé par défaut avec Ubuntu 16.04 si votre processeur est compatible. Voir mon article pour installer PState sur les versions précédentes d’Ubuntu.

#Supprimer les documentations

Sous Linux, chaque paquet logiciel est livré par défaut avec un paquet de documentation qui contient son manuel. D’une part, ces paquets servent peu si vous n’êtes pas développeur, d’autant que le réflexe actuel est plutôt d’aller chercher la documentation en ligne si nécessaire. D’autre part, si vous utilisez LaTeX, les documentations sont au format PDF et pèsent près de 900 Mo si vous utilisez texlive-full. C’est inutilement lourd. Pour supprimer tous les paquets de documentation de votre système, la commande est : (ATTENTION, DANGER POTENTIEL)

1sudo apt-get --purge remove .\*-doc$

#Supprimer les polices non latines et les traductions étrangères

Par défaut, Ubuntu livre toutes sortes de polices pour le grec, russe, japonais, chinois, thai, etc. Un set complet de polices pour la langue Thai pèse à lui seul 160 Mo. Il peut être pertinent de supprimer les polices que vous n’utilisez jamais. Vous pouvez utiliser font-manager  pour une gestion fine et la commande suivante pour désinstaller les polices principales :

1sudo apt-get remove ttf-indic-fonts-core ttf-kacst-one ttf-khmeros-core ttf-lao ttf-punjabi-fonts ttf-takao-pgothic ttf-thai-tlwg ttf-unfonts-core ttf-wqy-microhei

De même, supprimez les traductions des langues que vous ne parlez pas, c’est à dire tout sauf le français et l’anglais :

1find /usr/share/locale -mindepth 1 -maxdepth 1 ! -name 'fr*' !  -name 'en*' | sudo xargs rm -r

#Conclusion

Ubuntu est une distribution voulue et pensée pour le grand public, ce qui signifie qu’elle est quasiment complète en terme de fonctionnalités dès son installation. Le corollaire est que vous risquez de vous retrouver avec des tas de logiciels inutiles si vos besoins sont précis et ciblés. D’autres distributions Linux plus complexes, et des méthodes d’installation alternatives d’Ubuntu (Net install ou Alternate CD) vous permettent alors de choisir manuellement et plus finement vos logiciels par défaut. Quoi qu’il en soit, il faudra garder à l’esprit qu’un ménage au moins basique risque d’être nécessaire après installation si les performances sont une priorité.