L’écosystème Linux comprend le noyau Linux, les systèmes d’exploitation basés sur le noyau Linux (appelés GNU/Linux), et les distributions Linux incluant un système d’exploitation et une pile de logiciels sélectionnés pour effectuer des tâches basiques. L’écosystème Linux se distingue de Windows ou Mac par sa transparence vis à vis de l’utilisateur : le système est entièrement exposé, sans chercher à cacher des secrets de fabrication, notamment en ce qui concerne les données personnelles collectées et la vie privée. Malheureusement, cela implique souvent des logiciels conçus par des amateurs pour des amateurs, et un usage de l’informatique en mode dégradé.

Avertissement
Cet article s’adresse à des utilisateurs débutants et confirmés de l’outil informatique, et passe par des raccourcis que les informaticiens chevronnés remarqueront sans doute.
Note de 2023

Cet article a été rédigé en 2012, quand j’étais jeune et naïf. 11 ans plus tard, après 5 ans à développer activement dans un projet libre (Darktable ), 10 ans d’Ubuntu, 6 mois de Debian, 5 ans de Fedora, 6 ordinateurs, 3 serveurs, après avoir lu et écrit du code source dans une quinzaine de langages, et après des centaines d’heures perdues à déplanter des mises à jour foireuses, j’ai largement déchanté sur la prétendue supériorité de Linux et du logiciel libre. Le texte original est conservé, les annotations de septembre 2023 sont ajoutées dans des encadrés.

#Aspects techniques

#Qu’est-ce que Linux ?

GNU/Linux est un système d’exploitation, basé sur le noyau Linux, qui en est le module fondamental. Il appartient à la famille UNIX, grande concurrente de MS-DOS, à laquelle appartiennent également BSD, Solaris, et même Mac OS X.

En quoi consiste un système d’exploitation ? Lorsque vous achetez un ordinateur, vous disposez d’un assemblage de composants matériels (disque dur, carte réseau, processeur, RAM, lecteur DVD, etc. ). En l’état, l’ordinateur n’est pas utilisable. Il faut installer par dessus un système d’exploitation, qui est un ensemble de programmes informatiques de base permettant :

  • aux composants matériels de communiquer entre eux,
  • à l’utilisateur d’ouvrir une session et d’effectuer des tâches de base,
  • à l’ordinateur d’utiliser des périphériques (clavier, souris, imprimante, micro, webcam, etc. ).

La plupart d’entre vous n’auront jamais vu un ordinateur vierge de tout système d’exploitation, puisque 99 % des machines vendues ont Windows pré-installé et facturé sans qu’on leur ait demandé leur avis (ce qui constitue un cas de vente liée, théoriquement interdit en France et dans le reste de l’Europe).

#Linux n’existe pas seul

Si vous cherchez à installer Linux seul, vous aurez des problèmes à le trouver, et ce n’est même pas souhaitable. Linux est en fait disponible sous forme d’une multitude de distributions. Une distribution Linux, c’est :

  • Le noyau Linux,
  • Un ensemble d’utilitaires pour administrer l’ordinateur et dialoguer avec des périphériques,
  • Un environnement graphique (qui fournit le bureau, sinon tout est en ligne de commande – Citons par exemple Gnome, KDE, Cinnamon, Xfce),
  • Une sélection de logiciels, de pilotes et d’utilitaires préinstallés (traitement de texte, gestionnaire de connexion réseau, client mail etc.).

Chaque distribution s’adresse à un public ciblé :

Même si toutes les distributions s’appuyent sur le même noyau, elles ont chacune leurs spécificités, leur philosophie et leurs priorités (utilisabilité vs robustesse, optimisation des ressources vs effets graphiques). Pour l’utilisateur lambda, c’est surtout l’ampleur de la communauté (plus il y a d’utilisateurs, plus vous trouverez d’aide sur les forums), la facilité d’utilisation et la fréquence des mises à jour qui feront la différence.

#Aspects idéologiques

#Brève histoire de Linux

Linux est né dans les années 1990 de la fusion entre l’environnement GNU de Richard Stallman et le noyau de Linus Torvalds. Tandis que le premier cherchait à remplacer les systèmes d’exploitations propriétaires de l’époque (devenant de plus en plus chers et contraignants) tout en créant un système totalement ouvert, le second cherchait à perfectionner sa compréhension de son ordinateur. Le système d’exploitation communautaire GNU/Linux sort en 1992, bientôt rejoint par une importante communauté de programmers et d’entreprises. (compléments)

#Linux, système libre

Un logiciel libre est un logiciel dont l’utilisation, l’étude, la modification et la duplication en vue de sa diffusion sont permises, techniquement et légalement. Ceci afin de garantir certaines libertés induites, dont le contrôle du programme par l’utilisateur et la possibilité de partage entre individus. (compléments)

Savez-vous comment on créé un logiciel ?

  1. Le programmeur écrit un code source, c’est à dire un fichier texte rempli de ligne de commandes dans un langage de programmation, décrivant en anglais et avec des symboles la séquence d’opérations à effectuer,
  2. Le code est passé dans un compilateur ou dans uninterpréteur , où le langage de programmation est traduit en langage machine qui va pouvoir être exécuté par l’ordinateur,
  3. Le langage machine est effectivement exécuté, et interagit avec l’utilisateur, le réseau internet, le système de fichier, les périphériques, etc. suivant la nature du logiciel.

Concrètement, dans le monde propriétaire (Windows, Mac), quand vous achetez un logiciel, vous achetez l’exécutable qui est produit à la fin de la chaîne, et vous n’avez jamais accès à son code source, qui reste secret de fabrication pour protéger l’entreprise de ses concurrents. En gros, vous avez une boîte noire : vous savez ce qui entre dedans, vous savez ce qui en sort, mais entre les deux, vous ne connaissez pas les technologies employées.

Les premiers ordinateurs de bureau étaient livrés avec leur code source imprimé dans un livre, ce qui ne posait pas de problème de concurrence car chaque ordinateur avait son propre langage et ses propres instructions, si bien que le code source du système d’exploitation n’était pas portable d’un fabriquant à un autre. Cette pratique a cessé quand les fabriquants ont convergés vers la même famille de processeur, et que le code est devenu portable.

Dans le monde libre, vous téléchargez l’exécutable, mais vous avez accès au code source, que vous pouvez :

  • analyser et auditer,
  • étudier,
  • corriger,
  • modifier,
  • redistribuer.

En dehors du fait que le libre ouvre des possibilités illimitées en terme de création et d’innovation (le programmeur peut appuyer son travail sur un programme déjà existant, et donc gagner du temps), la publication du code source permet à n’importe qui :

  • de vérifier l’absence de code malicieux dans le programme (virus, logiciels espions, portes dérobées…)
  • d’étudier la fiabilité du code (failles de sécurité),
  • de corriger le cas échéant les failles.
Notes de 2023

En pratique, l’aspect auditable du code source n’intéresse que les environnements professionnels critiques (banques, hébergement de fichiers médicaux, serveurs hautes performances, super-calculateurs), autrement personne ne prend le temps de lire le code source, surtout pas en milieu professionnel, où personne n’a le temps de rien.

L’aspect modifiable intéresse une minorité de hackers capables de programmer (environ 7% de la population mondiale), sinon des entreprises qui veulent construire des systèmes spécialisés en partant de systèmes plus généraux.

Le grand public utilise Linux parce qu’il est gratuit et plus respectueux de la vie privée de l’utilisateur, sous réserve de pouvoir tolérer les fonctionnalités réduites, le design bricolé et les problèmes de compatibilité avec le reste du monde.

La liberté du logiciel libre est comme la liberté de voyager : il y a une différence entre avoir théoriquement le droit de voyager, et avoir réellement les ressources pour se payer transport et hébergement. Le libre est encore plus inaccessible aux illettrés de l’informatique que ne l’est le logiciel propriétaire.

#Qui finance Linux ?

Tout travail mérite salaire. Comment développer un système d’exploitation (et ses logiciels associés) qui n’est pas vendu ?

Il faut d’abord comprendre que le logiciel libre est l’application informatique des théories communistes. Le libre repose sur la communauté. On trouve donc d’abord un certain nombre de programmeurs bénévoles, qui développent sur leur temps libre.

Notes de 2023

Le libre n’est pas communiste car ce sont des hommes blancs, titulaires de masters et doctorats, et suffisamment riches pour pouvoir se permettre de travailler gratuitement, qui le contrôlent. Environ 7% de la population mondiale est capable de programmer, ce qui réduit considérablement le panel.

Du reste, les bons programmeurs sont ceux qui programment toute la semaine, et il y a peu de chance qu’ils y passent aussi leurs week-ends. Les bénévoles qui développent gratuitement sont, au sens propre et au sens figuré, des programmeurs du dimanche, ce qui implique du code de mauvaise qualité et une conception des fonctionnalités qui ignore l’utilisateur final.

Les entreprises qui recrutent des programmeurs ont également contracté la détestable habitude d’exiger de leurs candidats des contributions à des logiciels libres, à titre de portfolio démontrant leurs compétences, ce qui revient à leur imposer de travailler gratuitement avant de trouver un emploi rémunéré.

De nombreux projets libres peinent à financer leur unique développeur, alors même que ces projets sont utilisés par les infrastructures informatiques des 50 plus grosses entreprises du monde. Il y a un vrai problème de redistribution de richesses à ce niveau là, compte tenu du fait que le cycle de vie du logiciel ne termine pas à la publication du code : le travail de maintenance et de correction de bugs est bien plus chronophage que le développement initial.

Bref, le libre, c’est juste une autre histoire de privilèges et d’exploitation de l’homme par l’homme.

Mais la part la plus importante est effectuée par des sociétés privées et des mécènes. En effet, le Libre a permis à bon nombre de sociétés de la bulle internet (Google, Free, Facebook, Twitter, etc.) de percer sans investissement initial majeur. Derrière 1 site web sur 3 se trouve un serveur sous Linux (source), avec des logiciels libres dedans, incluant celui où vous vous trouvez, en raison des faibles coûts engendrés et de la robustesse des systèmes.

Google, dont la puissance est fondée sur Linux et ses logiciels (Android n’est qu’un Linux modifié), finance des développeurs pour participer au développement du noyau. Sun (avant d’être racheté par Oracle) vivait de ses processeurs à architecture spéciale, tout en développant gracieusement la suite bureautique OpenOffice.

D’un autre côté, certaines entreprises vivent de Linux, non pas en vendant leurs logiciels mais en vendant leurs services autour de ces logiciels (support, installation, etc. ). Il est également possible de faire seulement de l’open-source (identique au Libre, mais payant) en vendant un logiciel avec son code source, avec une licence particulière interdisant notamment la redistribution.

Parfois, certaines sociétés, comprenant leurs intérêts communs, développent ensemble des outils open-source, comme EDF et le CEA qui financent le logiciel de Conception Assistée et de simulation par Ordinateur Salomé.

#La philosophie du libre

Le libre n’est pas seulement une alternative gratuite au logiciel commercial. Il vise à donner à chacun la possibilité de comprendre le fonctionnement de son système et de ses logiciels, de les modifier, et de choisir les programmes qu’il souhaite utiliser. Par là, il cherche à simplifier la création de logiciels par n’importe qui, donc à favoriser l’innovation informatique.

Notes de 2023

En pratique, les innovations informatiques sont certes basées sur des logiciels libres, mais sont elles-mêmes non libres la plupart du temps. Le libre n’est souvent qu’un marché donnant-prenant.

Le Libre veut donner à chacun la maîtrise de son ordinateur, à la différence du monde commercial qui, sous prétexte que « L’utilisateur veut un système joli et fonctionnel », dissimule tous ses protocoles dans des boîtes noires et interdit certaines manipulations à l’utilisateur.

Notes de 2023

Ce point est tourné en travers du libre : penser que tout utilisateur veut un contrôle profond et illimité de son ordinateur, au détriment d’effectuer des actions basiques simplement, rapidement et fiablement. Le libre préfère souvent donner une myriade d’options inutiles à l’utilisateur, sans le rendre plus productif au final.

Linux ne bride rien, n’empêche rien, ne limite rien. Ses seules limites sont la puissance du matériel et l’inventivité de ses développeurs.

#Aspects pratiques

Tout cela est bien beau, mais arrivé ici, vous vous demandez vraisemblablement pourquoi vous utiliseriez Linux plutôt que votre système actuel et propriétaire… Car après tout, vous voulez simplement un système qui marche.

#Linux ≠ Geek

Ôtez-vous tout de suite cette idée de la tête : Linux n’est plus destiné aux seuls geeks, même si les barbus le préfèrent pour des raison principalement idéologiques. Mes grands-parents de 71 et 70 ans utilisent chaque jour Ubuntu pour naviguer sur Internet, envoyer des mails ou même taper du courrier, alors qu’ils n’avaient jamais utilisé un ordinateur il y a encore 3 ans.

Notes de 2023

Linux n’est pas limité aux seuls geeks tant qu’il fonctionne correctement. Dès qu’une mise à jour casse le système, introduit des régressions, ou que n’importe quoi se met à déconner, l’utilisateur de base va vite se faire dépasser. Mais je ne crois pas que Windows soit meilleur sur ce point.

Mes grands-parents n’avaient aucun problème d’utilisation de l’environnement de bureau Unity sous Ubuntu. Depuis qu’Ubuntu est repassé sous Gnome et depuis que les développeurs de Gnome ont enlevé le texte de tous les boutons de l’UI (version 40 et suivantes), pour ne garder que des boutons à icônes qui n’ont aucun sens pour des gens nés pendant la dernière guerre mondiale, ils sont perdus dans des symboles d’un monde qui s’est développé sans eux.

Certaines distributions (voir plus haut) ont même pour ambition de rendre Linux accessible à tous, sans avoir à manipuler de lignes de commandes. Je peux vous dire que les dernières versions d’Ubuntu sont bien plus faciles à utiliser que les derniers Windows…

#Linux = Léger

Un système d’exploitation Linux occupe une place plus faible sur un disque dur qu’un Windows, par exemple. Pour Windows 7, prévoyez 20-25 Go de disque, rien que pour le système d’exploitation. Avec Ubuntu 12.04, 5-7 Go suffisent.

De même, en terme de mémoire vive et de temps processeur, Linux est beaucoup moins gourmand. Sur un DELL Vostro (processeur Intel i3, 4 Go de RAM), Windows 7 utilise seul (après simple démarrage) entre 15 et 20 % de la puissance du processeur, contre 2 % pour Ubuntu. Ceci a un impact non négligeable sur la durée d’utilisation de la batterie (donc la consommation électrique). Ceci signifie également qu’un ordinateur paraîtra « plus puissant » sous Linux que sous Windows, étant donné que toute la puissance consommée par le seul système d’exploitation est de la puissance indisponible pour les applications que vous lancez.

Notes de 2023

Ceci n’est plus vrai en 2023, et nombre de distributions à vocation grand public, basées sur les environnements de bureau Gnome et KDE, finissent par avaler de la ressource à un rythme se rapprochant de Windows.

Pour achever de vous convaincre, il n’y a qu’à chronométrer le démarrage de Linux et le démarrage de Windows… Sans commentaire.

#Linux = gratuit, ouvert et illimité

L’intérêt principal de Linux réside dans la multitude d’applications disponibles pour effectuer une tâche. Admettons que vous cherchiez un super navigateur web : vous ouvrez le gestionnaire d’applications de votre distribution Linux, vous faite une recherche de navigateurs. Vous en trouverez alors une quinzaine, tous gratuits, et testés par la communauté (donc compatibles avec votre système et sécurisés), que vous pourrez installer en un clic. Vous n’aurez qu’à choisir votre préféré, après les avoir tous testés…

Notes de 2023

La multitude d’applications disponibles est l’arbre qui cache la forêt : des applications toutes aussi mal pensées les unes que les autres, conçues sans réelle direction, par des gens qui ne sont pas formés à la conception, et qui laissent l’utilisateur sur le carreau. Des logiciels que j’utilise depuis 15 ans (Gimp, Gnome, Firefox, Thunderbird), ont pourri plus qu’ils n’ont progressé.

De plus, le reste du monde (98 %) utilisant soit Windows soit Mac, il est capital de pouvoir s’interfacer avec les logiciels propriétaires classiques, surtout en environnement professionnel où l’on ne travaille pas tout seul. Dans ce contexte, le libre ne présente aucun intérêt.

Ensuite, la plupart des logiciels libres sont inter-opérables : il peuvent agir les uns avec les autres (étant donnés que leurs protocoles sont ouverts). Le navigateur communique avec le logiciel de messagerie, tout comme le traitement de texte, et votre carnet d’adresse peut aussi bien contenir des adresses mails que des identifiants de messagerie instantanée…

#Gardez le contrôle

Ce que j’aime le plus avec Linux, c’est qu’il ne fait rien dans mon dos. Il n’y a pas d’automatismes qui tournent en arrière-plan sans me demander mon avis, et mon ordinateur ne me prends pas en otage pour que je le redémarre après les mises à jour.

Notes de 2023

En 2023, les distributions Linux viennent avec un paquet de dépendances inutiles (client de messagerie et d’agenda intégré dans le système, indexation des fichiers, logithèque “grand public” où les paquets techniques ne sont pas visibles), qui s’exécutent de force en arrière-plan, y compris sur batterie.

Linux est un système d’exploitation de la machine par l’Homme, et non l’inverse. Le fait que tout soit transparent dans le code rassure également sur la confidentialité du système : aucune donnée, aucune statistique, aucune information personnelle n’est envoyée de votre ordinateur vers un société quelconque. En cas de doute, un simple coup d’oeil dans le code source le confirmera (et il se trouvera toujours quelqu’un pour le vérifier).

#Paramétrable à souhait

Vous pouvez utiliser votre distribution telle quelle, après son installation. Cela vous donnera certainement satisaction. Mais si vous êtes comme moi, que vous aimez passer 2H à tout règler au millimètre pour gagner ensuite un temps considérable, Linux vous permet de tout paramètrer et régler à votre convenance : affichage du bureau, couleurs, polices, raccourcis clavier, icônes… Tout rcomme vous pourrez dégager les applications qui ne vous servent pas, les effets graphiques, etc. Si vous voulez un bureau top design, c’est possible (un grand nombre de thèmes existent), mais si vous voulez le minimum pour optimiser votre machine (garder la puissance pour les applications et optimiser pour économiser place et batterie), c’est possible également.

Pour cette raison, je ne pourrais plus retourner sur Windows. C’est fou le nombre de choses sur lesquelles on n’a pas la main sur ce foutu système ! En fait, on ne peut pratiquement rien personnaliser, en dehors du fond d’écran et de la couleur des fenêtres. Vous voulez le menu « Démarrer » en haut, une barre des tâches à gauche, et juste les applications les plus fréquentes dans le menu ? Pas possible (à moins de vraiment le vouloir). Sous Linux, en revanche, tout est possible.

#Débuggable

Les bugs et le problèmes existent sous Linux comme sous Windows. Mais par expérience, un Linux est plus facile à déplanter qu’un Windows. Pourquoi ?

  • Linux est abondamment documenté sur le web : les problèmes courants sont déjà référencés, avec leur solution.
  • Les systèmes de diagnostic sont plus accessibles sous Linux : un système où tout est ouvert est plus simple à analyser.
  • Dans les cas extrêmes, Linux permet l’édition à la main des fichiers de configuration.

Et de l’autre côté :

  • Le centre de solution Windows ne sert (vraiment) à rien, mais ne possède pas d’alternative sérieuse pour régler ses problèmes à la main.
  • La plupart des problèmes sous Windows se règlent par un formatage et une réinstallation du système (cf les forums d’aide).
  • Un système où tout est automatisé en arrière-plan est forcément source de bugs plus fréquents (sans que l’utilisateur comprenne pourquoi, puisqu’il ne sait pas ce qui se passe dans sa machine).

#Le Libre, choix d’avenir

Les maux du monde propriétaire sont principalement de deux ordres :

Premièrement, les éditeurs de logiciels payants ont tendance à développer leurs propres formats et protocoles propriétaires, que ce soit des formats d’image (jpg), de musique (MP3, WMA, AAC), de livres numériques, des protocoles de télécommunication (Skype) etc. Ces formats ne sont pas documentés, et leur utilisation est soumise à l’accord du détenteur des droits (qui se sert au passage). Dans le cas des protocoles, leur non publication empêche l’interopérabilité, à moins de se farcir la rétro-ingénierie en amont. Pour Skype, par exemple, il est impossible d’utiliser un autre logiciel que celui fournit par la société pour communiquer avec ses contacts. Oui, mais si le logiciel ne me convient pas ? Et ben c’est pareil.

Notes de 2023

D’un autre côté, le libre est doué pour développer des formats stupides et ignorant la théorie qu’ils manipulent (SVG, PNG) parce qu’il y a bien des domaines où ils faut fabriquer l’électronique pour se rendre compte que les spécifications informatiques ne tiennent pas debout, et qu’il ne suffit pas de pondre des standards pour qu’ils deviennent une réalité technologique.

Deuxièmement, le système propriétaire est prisonnier de l’état d’esprit insufflé par son guru (Steve Jobs et consorts) : la navigation doit se dérouler de telle manière, l’utilisateur ne doit pas effectuer plus d’un certain nombre d’opérations avant de trouver ce qu’il cherche… En conséquence, pas moyen de faire autrement (ou difficilement), même si cet « autrement » aurait été plus adapté à vos besoins à vous, car les options ne sont pas disponibles dans le système.

Notes de 2023

Le libre est quant à lui prisonnier du design par commité, où tout le monde donne un avis non-éclairé, et où l’absence de structure des équipes d’amateurs accouche de moutons à roulettes. Avoir un designer, et un seul, assure un design cohérent avec une ligne claire, et la cohérence de l’ensemble vaut souvent mieux que l’optimalité unitaire de chaque module. Du reste, les utilisateurs ne savent pas ce qu’ils veulent, mais savent qu’ils veulent plus et mieux sans changer leurs habitudes, donc donner à l’utilisateur ce qu’il demande, sans filter, n’est pas forcément lui rendre service.

Le Libre donne une solution à ces deux problèmes, en proposant une réponse à long terme : les protocoles et les formats sont tous ouverts et documentés, et il existe un grand nombre de programmes différents pour faire la même chose. Vous avez le choix.

Même lorsque Mark Shuttleworth décide qu’Ubuntu proposera l’interface Unity par défaut, Gnome Shell, Gnome Panel, KDE ou Xfce sont toujours disponibles et compatibles.

#Le Libre à l’ère post Snowden

Les révélations du lanceur d’alerte Edward Snowden sur l’espionnage de masse orchestré par la NSA au nom de la lutte anti-terroriste ne peuvent que forcer à la méfiance vis à vis des fournisseurs de services et de logiciels dont le code est fermé et qui sont plus ou moins en collaboration avec la NSA. En effet, de nombreuses portes dérobées ont été découvertes dans des routeurs Cisco, dans les firmwares de plusieurs disques durs (Samsung, Hitachi, Toshiba, Seagate, Western Digital), dans le système d’exploitation Windows, et on peut raisonnablement suspecter leur existence dans toutes sortes de logiciels.

Une porte dérobée est à l’informatique ce que la trappe de maintenance est à la machinerie d’un ascenceur : un accès privé pour les techniciens qui doivent réparer. Ces portes dérobées permettent donc officiellement aux équipes techniques de pouvoir contrôler un ordinateur à distance, pour faire des mises à jour notamment, et d’accéder aux fichiers logs (les journaux système) afin de recueillir des « informations anonymes destinées à améliorer la qualité des services » (selon la formule consacrée).

Mais il y a 3 problèmes principaux à ceci :

  1. Microsoft se sert des portes dérobées pour installer de force et sans demander l’autorisation de l’utilisateur des mises à jour sur Windows 10,
  2. Rien ne garantie que l’utilisation des portes dérobées se limite à des données techniques car, une fois la porte ouverte, il est techniquement possible d’accéder à toutes les données (contacts, emails, mots de passe, etc.) ainsi que d’installer toutes sortes de logiciels malveillants et espions (keyloggers),
  3. Rien ne garantie que le fournisseur du logiciel soit le seul à pouvoir utiliser la porte dérobée, et c’est donc aussi les gouvernements et autres pirates qui peuvent accéder clandestinement à vos données personnels.

L’utilisation de logiciels propriétaires se base donc sur une confiance aveugle dans l’honnêteté de l’éditeur de logiciel, dont on découvre presque chaque semaine l’ampleur des trahisons.

Le Libre prend le contrepied de cette approche puisque :

  1. les développeurs de logiciels libres n’ont pas d’intérêt économique à vous faire utiliser leurs logiciels,
  2. une grosse proportion de développeurs libres militent aussi pour les libertés numériques et la protection de la vie privée,
  3. le code libre est public et auditable par la communauté.

#Les couacs de Linux

Pour être tout à fait honnête, il faut bien admettre que certaines choses ne sont pas encore au top sous Linux, mais c’est la faute des autres…

#Les pilotes

Un pilote (ou driver) est un programme qui permet au système d’exploitation de dialoguer avec le matériel (imprimante, caméra, carte wifi etc.) en lui décrivant l’architecture du matériel et les protocoles qu’il utilise.

Et bien figurez-vous que certains fabricants de matériel refusent simplement de développer des pilotes pour autre chose que Windows et Mac, ou s’ils les développent, ils ne les mettent jamais à jour. C’est donc à la communauté de développer des pilotes libres.

Il arrive donc parfois qu’une imprimante dernier cri, ou que le dernier MacBook Retina ne soient pas compatibles tout de suite avec Linux. Tout comme certaines architectures.

Pour la technologie Optimus de nVidia (deux processeurs graphiques utilisés au besoin, de façon à optimiser la consommation par rapport aux performances demandées), nVidia a carrément annoncé qu’elle ne développerait rien pour Linux parce que… la flemme quoi ! Heureusement, la communauté a développé Bumblebee qui permet aujourd’hui de supporter au mieux ces architectures.

Bref, sous Linux, avant d’acheter du matériel, il est toujours bon de se renseigner pour savoir s’il fonctionne bien avec votre système (et sinon, s’il faut juste bidouiller ou carrément laisser tomber). Et s’il ne fonctionne pas tout de suite, quelques mois d’attente suffisent le plus souvent.

Notes de 2023

Nvidia Optimus est toujours un calvaire sous Linux en 2023, et la mise en veille des cartes Nvidia n’est toujours pas correctement gérée, si bien que la durée de vie d’une batterie d’ordinateur portable n’est pas allongée sous Linux, bien que le système soit plus léger que Windows. De plus les pilotes graphiques AMD se sont considérablement dégradés en qualité, donc plus que jamais, la norme, c’est la médiocrité.

#La compatibilité

Vos logiciels Windows ne vous serviront plus sous Linux. Il est possible, grâce à Wine, de les faire fonctionner moyennant des bidouillages parfois très lourds, mais vous trouverez dans la plupart des cas un équivalent Linux de vos logiciels préférés, voire parfois une version conçues pour Linux de logiciels que vous utilisez déjà sous Windows.

Là où ça se corse (même si ça s’améliore progressivement), c’est sur la reconnaissance des formats de fichiers. Les formats de fichiers Microsoft Office sont depuis longtemps reconnus sous Linux. L’inverse est vrai seulement depuis Office 2007. Dans tous les cas, les passages de l’un à l’autre génèrent régulièrement des problèmes d’affichage (notamment parce que les jeux de polices installés sont différents).

De même, les formats musicaux .WMA sont assez souvent mal reconnus sous Linux.

Donc pour résumer :

  • Vous pourrez presque toujours utiliser vos fichiers créés sous W avec Linux, parfois avec quelques problèmes mineurs.
  • Vous pourrez dans certains cas utiliser vos fichiers créés avec Linux sous W.

Encore une fois, si le monde propriétaire se souciait un peu plus de prendre en charge les formats libres (qui sont, eux, respectueux des standards ISO), on n’en serait pas là…

#Le problème de Linux

En conclusion de cette partie, le principal problème de Linux est qu’il représente moins de 1% du marché mondial des ordinateurs personnels, et que ça n’intéresse que peu les éditeurs de jeux vidéos et les fabricants de matériel. Encore que, avec le portage en cours de Steam sous Linux (qui, au passage, fonctionne mieux que sous Windows), ça risque de changer…

#Conclusion

Vous pouvez choisir Linux par conviction. Personnellement, au début, je m’en fichais. Je voulais un système gratuit pour dégager Windows Vista, point. C’est petit à petit que j’ai découvert la puissance de ce système, et, par opposition, tout ce que le monde propriétaire ne permet pas. Aujourd’hui, je n’en changerais plus, de même que presque tous ceux à qui je l’ai installé.

Et je comprends mieux la philosophie du Libre en voyant la façon dont Apple et Microsoft évoluent. Linux est beaucoup plus humain dans son approche de la relation homme/machine. Il ne vous interdit rien, il n’est pas restrictif. Vous l’utilisez comme vous voulez. Quitte à y mettre une pagaille monstre, soyons clairs (même si vous serez prévenus dans la plupart des cas que ce que vous vous apprêtez à faire est dangereux).

Notes de 2023

Je comprends mieux le succès de Mac quand je vois comment Linux “évolue”, c’est à dire stagne sur beaucoup de points douloureux (pilotes), mais régresse sur le design des interfaces.

Alors, prêt à vous lancer ? Le site du Zéro propose un excellent tutoriel pour installer et débuter sous Linux Ubuntu. Par ici »

Conclusion de 2023

GNU/Linux, c’est le système d’exploitation de merde qui vous laisse ouvrir le capot, par opposition aux autres systèmes d’exploitation de merde, qui font semblant de vous simplifier la vie en cachant tout. Dans tous les cas, si vous ne savez pas plus quoi faire sous le capot, vous n’êtes pas plus avancé.

Je suis globalement dégoûté de l’informatique en générale, et des systèmes d’exploitation en particulier (Linux comme Windows 10). Linux n’a que 2 avantages (l’absence de logiciels espion et la possibilité d’accéder à la configuration système de manière transparente), qui sont contrebalancés au centuple par une quantité sévère d’inconvénients.

Il est pratiquement impossible de n’utiliser que Linux, à cause de la quantité de logiciels mainstream qu’on ne peut pas y installer. Toute personne qui doit travailler en équipe et interfacer son travail avec le reste de monde doit avoir un Windows ou un Mac OS additionnel pour lancer les logiciels requis. Ce qui veut dire 2 OS à maintenir, donc plus de travail.

Mon utilisation de l’informatique n’a pas changé depuis Windows XP : ouvrir un navigateur internet, démarrer des applications. Ce qui a changé, en 2023, c’est qu’énormément d’applications sont en réalité des applications web, c’est à dire des sites web interactifs packagés avec un navigateur internet Chromium sans barres d’outil et une librairie Javascript lourdingue (Skype, VS Code, Element, Typora, Notion, Obsidian, Allusion, etc.). Or, peu importe l’OS, j’observe que :

  • la quantité de cochonneries démarrées automatiquement à l’allumage de l’ordinateur ne cesse de croître : services anti-virus, indexation de fichiers, serveur de contacts et d’agenda, mises à jour logicielles, moteur de recherche avec ou sans IA, un OS ouvert sans rien faire consomme 10 à 40 % de processeur…
  • les “évolutions” n’ont rendu l’informatique grand public ni plus simple, ni plus productive, ni plus stable. 1 À chaque changement, on gagne seulement le droit de tout reconfigurer depuis le début, et les instabilités de l’environnement jusqu’à ce que chaque projet applicatif encaisse les changements du système.

L’informatique (libre ou pas, c’est pareil) est un système productiviste, consumériste et inflationniste où il vous faut de plus en plus de logiciels et de puissance de calcul pour effectuer les mêmes tâches qu’il y a 20 ans. Le supplément brut de productivité, apporté par l’informatique, est annulé en moyenne par le supplément de maintenance, débuggage, mises à jour, et d’incompatibilités de versions à résoudre. En clair, le travail économisé à faire votre travail est reperdu en maintenance de l’outil de travail. Les seuls qui y ont gagné quelque chose sont les marchands de matériel et de logiciels.


  1. systemd à la place d’init.d, Pipewire à la place de Pulseaudio, Wayland à la place de Xorg, Gnome 3 à la place de Gnome 2, Windows 10 et 11 à la place de Windows 7, etc. ↩︎